Que ce soit dans notre vie personnelle ou notre vie professionnelle, les contrariétés et préoccupations pouvant dépeindre ce beau tableau de la vie sont toutes liées à ce brin de joie un peu endormi en nous.
La joie me semble être le feu qui nous anime ; ce feu qui nous donne l’envie d’apprendre, de comprendre, de tester et de partager. La joie, c’est notre manière d’être en vie, d’exprimer notre existence et de nous sentir totalement et immédiatement vivant, aimant et confiant. Alors, peut-être que la première question à se poser est : « Qu’est ce qui me met en joie dans mon quotidien ? » Pour ma part, des idées reviennent sans cesse et de nouvelles apparaissent. Je me suis rendu compte que le fait de danser était fondamental pour cultiver une joie inhérente en moi. De plus, j’ai pris conscience que les interactions avec les gens sont précieuses et que mon sentiment de joie est affaibli dès lors que je suis solitaire trop longtemps.
Entretenir les pépites du quotidien
À partir du moment où l’on identifie ces pépites du quotidien comme des indispensables à notre joie de vivre, alors il s’agit de mettre en place des actions correspondantes. Voici un extrait de ce qui me met en joie en ce moment avec leurs actions associées :
- Danser : aller à un cours de danse par semaine et/ou une soirée hebdo
- Revenir à des pratiques de yoga traditionnelles : pratiquer au moins une fois par semaine dans le studio identifié proche de chez moi + participer à des ateliers sur l’ayurvéda et la philosophie + revenir à la lecture des yoga sutras et d’autres livres de références + préparer un voyage en Inde
- Retrouver mes proches autour d’un verre : sortir ou recevoir au moins une fois par semaine + organiser des apéros visios avec mes proches et ma famille (je suis à plus de 10 000 kms à l’heure où j’écris)
- Voyager : chaque année, découvrir une nouvelle culture mais aussi organiser des séjours yoga dans les lieux qui m’ont particulièrement touchée (prochainement au Mexique)
- Former : moduler mon travail pour amener une dimension de supervision + développer mon activité de formation en massage cupping + rencontrer de nouveaux clients pour proposer mes missions de formation, que ce soit en Design Thinking, en bien-être au travail, en conception, en alimentation végétale, etc.
- Boire un bon café : avoir la bonne machine + tester différents cafés pour trouver celui qui me plait vraiment + prendre le temps de le déguster en ne faisant rien d’autre en même temps
Je vous invite à vous poser régulièrement cette question. Observez et ajustez sans cesse : vous êtes un organisme vivant en perpétuel mouvement. Je serai ravie d’avoir vos retours sur cette expérience introspective.
Visions inspirantes de la joie
Et pour finir, voici quelques repères et préceptes philosophiques autour de la notion de la joie, qui pourraient aussi nourrir votre réflexion personnelle. La joie est définie comme une émotion vive, souvent accompagnée d’un sentiment de plénitude, éprouvée par l’individu lorsque ses désirs et ses besoins sont satisfaits. Cette notion a été explorée par plusieurs courants et penseurs philosophiques, chacun apportant sa propre perspective sur ce qu’est la joie et comment elle peut être atteinte ou comprise.
* Pour Épicure, la joie est liée au plaisir et à l’absence de douleur. Il distingue les plaisirs en 2 catégories : les plaisirs naturels et nécessaires (manger et boire) et les plaisirs naturels mais non nécessaires (plaisirs esthétiques). La véritable joie, selon Épicure, est atteinte par la satisfaction des désirs naturels et nécessaires et par l’évitement de la douleur physique et des troubles de l’âme.
* Sénèque, Épictète et Marc Aurèle considèrent la joie comme une forme de tranquillité de l’âme (ataraxie) qui découle de la vertu et de la sagesse. Ils croient que la véritable joie vient de l’acceptation des événements qui échappent à notre contrôle et du fait de vivre en accord avec la nature et la raison. Pour les Stoïciens, la joie est durable et réside dans la maîtrise de soi et la sérénité intérieure.
* Spinoza distingue la joie (« Laëtita ») de la tristesse (« Tristitia »). La joie, pour Spinoza, est une augmentation de la puissance d’agir et de la perfection de l’existence. Elle est liée à l’affirmation de la vie et à la compréhension rationnelle du monde et de soi-même. Spinoza associe la joie à l’amour intellectuel de Dieu, qui est une connaissance intuitive et profonde de la réalité.
* Pour Jeremy Bentham et John Stuart Mill (mouvement utilitariste), la joie est associée au bonheur général, défini comme le bonheur du plus grand nombre. Bentham parle de maximisation du plaisir et de minimisation de la douleur, tandis que Mill distingue plaisirs supérieurs (intellectuels et moraux) et inférieurs (physiques). La joie, dans ce cadre, est la résultante de l’action qui produit le plus de bonheur possible pour le plus grand nombre.
* Jean-Paul Sartre et Albert Camus (existentialisme) mettent l’accent sur la liberté individuelle, l’authenticité et la création de sens personnel face à l’absurdité de la vie. La joie, dans cette perspective, vient de l’affirmation de sa propre existence et de ses choix, même dans un monde dépourvu de sens intrinsèque.
* Enfin, on retrouve, dans la philosophie contemporaine avec Martha Nussbaum ou Mihaly Csikszentmihalyi, une notion de joie en relation avec le bien-être et l’épanouissement personnel. Nussbaum parle de la capacité à éprouver des émotions positives comme partie intégrante du développement humain, tandis que Csikszentmihalyi introduit la notion de flow, un état de concentration intense et de plaisir dans l’activité, comme une forme de joie.